Les Chroniques de Candy

Bharat, ou le fabuleux voyage en Inde

Après avoir été maintes fois complimentée sur ma tenue sobre - tunique en soie noire, bottes Rautureau et un manteau de fourrure - mon frère biologique et moi débarquons au Palais des Congrès pour le spectacle indien le plus connu : Bharati. A l’entrée, des pouffiasses portant des saris comme moi je porterais une cravate me demandent si je veux un ‘tikka’. Un regard dédaigneux plus tard, j’achète le programme et nous pénétrons dans la salle déjà bien remplie. Nous nous installons au deuxième rang. Mon frère m’annonce qu’il n’a pas pris l’appareil photo. Pour ne pas pleurer, j’ai chanté ‘I Will survive’ jusqu’à l’extinction des lumières, en me disant que je devrai tout garder en mémoire.

 

Le spectacle débute. On est tout de suite transporté en Inde. La trame est similaire à tous les films de Bollywood : Le garçon tombe amoureux de la fille mais le père de cette dernière - le méchant de l’histoire - ne veut pas car il a quelqu’un d’autre en tête, mais finalement finit par céder pour une raison que j’ignore. Mais cette trame n’est qu’un support pour ce merveilleux spectacle. Bharati est aux comédies musicales ce que Pavlova est à la danse.

 

Le spectacle commence avec le narrateur qui nous explique quelques rites hindous de manière très brève, concise et pas professorale du tout. Tout le long du spectacle, il nous gratifie de blagues, d’anecdotes et autres explications sur l’Inde, la manière dont les indiens réfléchissent et agissent, et accessoirement, ce qui se passe sur scène. Il raconte ce que les autres nous interprètent en danse, ou les tableaux intermédiaires, par exemple, la danse des amants éternels, le summum de l’amour idyllique dont chaque folle rêve sans jamais le rencontrer : Radha et Krishna. A travers une danse du sud de l’Inde, parfaitement exécutée, leurs amours épanouies se dévoilent devant nous comme une peinture de Turner : un mélange de couleurs auquel on ne comprend rien si on n’est pas attentif. De temps en temps, il nous présente les différents instruments de musique, avec son brin d’humour indien.

 

Ce qui se passe sur scène est au delà de tout ce que je m’attendais. La première danse est assez classique, où le héros de la mythologie hindoue Ram chasse le démon à sept têtes Ravan. Puis une chanson extraite du film Devdas, et Bharati, l’héroïne, apparaît au milieu de danseuses en sari rose. Légère comme les notes du sitar et gracieuse comme seule une indienne peut l’être, elle glisse sur la musique, le tout dans une synchronisation parfaite. On sent tout de suite que la danse l’habite, qu’elle était tombée dedans lorsqu’elle était petite. Elle est aussi parfaite que la danseuse de Khatak dans Leçon de Musique. Elle a le même effet sur moi que le parfum des épices dans un restaurant indien : je suis transportée au pays du Kamasutra. Parfaitement maquillée, drapée tantôt dans un Sharara (bustier et grande jupe), d’autres fois en Salwaar (tunique et pantalons) ou encore en sari, elle danse sur les airs de Bollywood les plus connus, avec lesquels j’ai grandi. Chacun de ses mouvements est un orgasme pour les yeux, comparable aux plis d’un carré Hermès au cou de Grace Kelly.

 

La deuxième moitié du spectacle est tout aussi sublime. Le clou du show est la danse sur l’hymne national indien, Vande Mataram. Des danseurs musclés secs, habillés uniquement en dhotis (pagne) entourent la danseuse, vêtue d’un Salwaar Anarkali (très ample) noir, les cheveux peignés en une longue natte. Vivacité, énergie, élan et précision. J’avais un oeil sur elle et un autre sur les danseurs. Au delà de leur talent, j’avais envie de mordiller leurs pectoraux tellement ils étaient bien dessinés. C’est dans des moments comme cela que je voudrais avoir trois yeux, cela m’aurait permis de voir l’écran du fond avec les animations excentriques (un regard timide se relevant et se baissant, Radha et Krishna dans un jardin, etc. ). Le tableau de la fin - le mariage - est une exagération de la prisme de couleurs. Des tentures à fleurs multicolores encadrent la scène, des danseurs agitent des étendards de couleurs flashy (rouge, orange et vert), d’autres danseurs habillés en shervani ou kurtas brodés (tuniques pour hommes), les danseuses en différents habits traditionnels indiens ; tout ce monde déchaîné sur des chansons aux rythmes endiablés, un final magnifique.

 

L’équilibre entre les danses classiques des différentes régions de l’Inde, les danses modernes et celles de Bollywood est parfaitement respecté. Les costumes sont un vrai bonheur. Strass, paillettes, dentelles et fleurs fusent, que ce soit pour les saris, les chemisettes, les pantalons, les dhotis ou même les coiffures. Mais le spectacle ne serait pas le même sans la présence des chanteurs sur scène. Leurs voix et les mélodies sont  aussi douces qu’une fourrure de vison. C’est là que j’ai compris ce qu’est le chant des sirènes.

 

Bref, un spectacle qui me donne envie de vendre ma garde robe pour me payer un voyage en Inde.




28/06/2012
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 30 autres membres