Les Chroniques de Candy

Chantons dans le placard

Les pédés n’aiment pas que la techno. Les folles n’aiment pas la techno tout court. C’est pour cela qu’elles se donnent rendez vous au Tango le week end : nous avons l’occasion d’écouter les chansons que nous écoutons généralement sur nos iPods entre copines, tout en buvant du Malibu ananas. Dans quelle autre boîte pouvons nous écouter - et surtout danser sur du Dalida et d’autres icônes de la chansons homosexuelle française ? Une bîte surprenante, surtout lorsque Madame Hervé se décide de devenir producteur et transforme en salle de théâtre pour nous livrer un spectacle musicale surprenante.

 

La pièce : Chantons dans le Placard, et comme sous titre, un siècle de chansons gay. L’homosexualité dans la chanson n’est pas récente, elle existe depuis bien des décennies. A une certaine période, elle était cachée, subtile et sous entendue, puis à d’autres, elle était devenue beaucoup plus explicite. Chantons dans le placard passe en résume toutes ces chansons qui ont crée la culture gay dans le milieu la chanson francophone et  qui ont marqué bien de générations. Des chansons drôles, larmoyantes, militantes, tristes, de filles a pédés, de mamans, homophobes, poétiques et j’en passe; bref, toutes les chansons qui, depuis le temps de leur sortie, n’ont pas pris une ride, et cela, sans l’aide du botox de la musique, à savoir, les remixes. On a droit aux pédalos (de la grande époque), à Barbara, Dalida, Aznavour, Catherine Lara, Mecano, Régine, Lalane, et Sardou entre autres. Des chansons pour tous les goûts et toutes les orientations.

 

Je ne vais pas faire de spoiler à l’intrigue qui sert de support à cette heure et demie d’apprentissage, j’aimerais juste toucher un mot concernant les trois comédiens. Michel Heim, écrivain de génie et des années de scène. C’est un peu le Sarah Bernhardt de nos jours, avec un peu moins de dentelles. Mais il a un boa rose, rassurez vous. Là, en chemisette sans manche venu tout droit des sixties, il danse, chante et surtout explique l’origine et la portée de pratiquement toutes les chansons de la pièce, dont certains sont maintenant des hymnes de follitude. Il raconte tout ceci au jeune Vincent, personnage sorti tout droit d’une pub de Moncler photographié par Bruce Weber. Mais contrairement aux mannequins de Moncler, il est  loin d’être plat. Une jeunesse pétillante sur scène, c’est toujours agréable, d’autant plus qu’il chante et joue comme Marlène, et non, je n’exagère pas. On voit l’évolution du personnage, hésitant au début, au fur et à mesure que la pièce se déroule, il prend de l’assurance et finit par trouver chaussure à son pied. Et il y a aussi Alvaro, sans qui, il n’y aurait pas de musique, car il est pianiste. Enfin, pianiste est en dessous de la vérité :  Il est aussi pianiste que Elizabeth Taylor est une légende. Assis à son piano, non seulement il accompagne toutes les chansons, il chante aussi. Il chante du Barbara, et c’est à ce moment que nous, les folles, l’avons élu notre pianiste favori. Quant aux metteurs en scène, les frères Botti,, après toutes les merveilles qu’ils nous ont fait jusqu’à présent, ils n’ont plus à faire leurs preuves.

 

Vu le thème et l’aspect pédagogique (mais pas du tout professorale), cette comédie ne s'adresse pas qu’aux homosexuels : les hétérosexuels y apprendront beaucoup sur un aspect de la culture gay qu’ils ignorent totalement. Si vous n’avez pas encore reservé pour y assister en avant première, tuez des gens, marchez sur des corps, vendez vos diamants s’il le fait, mais allez y ! Noël Coward aurait aimé assister à cette représentation. Lui qui disait qu’il peut tout accepter au théâtre, à condition que cela soit drôle ou émouvant, il aurait été servi, car les deux sont au programme. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



28/06/2012
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