Les Chroniques de Candy

Dark Shadows

Ce mardi 8 mai, abandonnée de tous et de toutes, je décide de me faire plaisir. L’avant première de Dark Shadows au Grand Rex, costumée de surcroit, est le happening du mois. Ma robe en vinyle noire avec une traîne m’a servie pour la première fois. Un léger fond de teint très pâle, du rouge à lèvre vif. Puis, j’ai mis de l’ordre à mes cheveux lissés,  un peu plus de noir que d’habitude sur mes yeux et c’est parti. Les gens se retournent sur moi dans le métro, comme ils le font tous les jours. Je n’y prête guère attention, me concentrant sur la musique de Danny Elfman sur mon iPod, une sorte de révision et de mise en situation pour le film.

 

J’arrive devant le Rex, et munie de mon passe costume - coupe file, je catwalk devant toute la file pour mettre le pied sur le tapis du hall de la plus grande salle d’Europe. Ce même tapis qu’Elizabeth Taylor a foulé de ses pieds en 1963 pour l’avant première de Cléopâtre. Quelques personnages de Tim Burton buvaient du champagne devant le bar au rez de chaussée. Je fus invité à rejoindre Beetlejuice, Edwards aux mains d’argent, la Reine de Coeur, Sweeny Todd, Monsieur Jack, Le Chapelier Fou et j’en passe. Une dame avec un T-Shirt à l’effigie de WB nous a pris en photo puis nous a gentiment invités à gagner la salle. J’y vais, je m’installe, admirant ma photo avec les autres personnes costumées projetée sur l’écran avant le début du film. 

 

Le film débute. Déjà, le casting est à couper le souffle. Le trio gagnant, plus Eva Green et Michelle Pfeiffer. Nous sommes tout de suite plongés dans l’action. Faut dire que le sujet était très TimBurtonable à l’origine. Dark Shadows est, à la base, une série fantasque et fantastique de 1225 épisodes (et dire qu’on me critique de perdre mon temps devant les 220 épisodes de Dynastie), avec un vampire comme personnage principal. La magie noire et la sorcellerie y règnent. Sans vouloir faire un spoiler, je dois quand même vous dire qu’ici, Johnny Depp  - Barnabas - est un vampire magnifique Eva Green - Angelique -  une sorcière qui traverse les siècles sans changement physique sauf pour sa chevelure qui passe de brune à blonde. (N’y voyez aucun rapport avec l’évolution de la femme). A cause d’un amour non réciproque, Angelique se venge de Barnabas en détruisant tout ce qu’il aime. En contrepartie, elle lui donne une chance inestimable : la jeunesse éternelle. Lui, il voit cela comme une malédiction, mais je ne sais pas trop pourquoi, ce n’était pas explicite dans le film. Même le docteur Hoffman, incarnée par Helena B. Carter le lui dit à un moment : ‘Mais de quoi vous plaignez vous ? Vous avez la beauté éternelle, moi je suis plus vieille et plus alcoolique à mesure que les jours passent.’ Barnabas revient dans son manoir gothique 196 ans après, toujours aussi beau et sans une ride. Angélique a mis la famille sur la paille, et Barnabas se promet de redorer le blason de la famille; maintenant menée par Michelle Pfeiffer - Elizabeth. Et il y arrive.

 

Bref, tous les films de vampires et loups garous (il y en a aussi dans ce film) ne sont pas aussi mièvres que les textes de l’ancienne première dame liftée ou comme Twilight. Encore une fois, Tim Burton nous transporte avec ses contrastes de couleurs très fortes, surtout la chevelure et le maquillage de l’alcoolique mais néanmoins lucide et fourbe de Bonham Carter  qui tranchent incroyablement avec le décor du manoir. De temps en temps, on a droit à des répliques ‘over’réalistes. Un exemple, au hasard :  une porte secrète s’ouvre lentement dans un grincement digne d’une chanson de Lady Gaga, une musique noire et dramatique, puis “Ah, maintenant je garde mes macramés et les raquettes de tennis des gosses ici”. La scène du film qui sera copiée et qui sera culte dans dix ans est sans doute la scène d’amour entre Barnabas et Angelique. Un vampire et une sorcière qui forniquent, cela donne des sauts d’un mur à l’autre, des pirouettes dans les airs,  le plancher griffé, des tables cassées, des rideaux déchirées, un plafond démoli, un tableau réduit en lambeaux (pas le Tamara Lempika, ne vous inquiétez pas, cessez de hurler ! ). En gros, le bureau ressemble au studio d’Alexis Carrington après le premier catfight contre Krystle. 

 

Les effets spéciaux, les costumes les maquillages, cela va de soi : aucune fausse note. Le manoir est démesuré, poussiéreux, sombre, lugubre, avec des rideaux rouges et un escalier qu’Aishwarya Rai aurait pu descendre en mode drama queen, en courant avec un sari en feu comme dans Hum Dil De Chuke Sanam. Les sculptures invraisemblables de créatures magiques aident à créer le genre d’ambiance qui ne laisse pas de doute sur la nature du film. Barnabas est habillé en aristocrate du 17ème (siècle, pas arrondissement !), Elizabeth en maîtresse de maison gothique et Angélique en Sex Bomb. Une note spéciale pour sa robe en strass rouge lors de la fête donnée par Barnabas. Ce bal est animé par Alice Cooper lui même !  En  vrai ! En chair et en os ! Enfin, de ce qui lui reste de chair, mais il est quand même une légende. Tout le monde ne peut se vanter d’avoir inventé le shock rock. En plus, son look et ses textes  siéent parfaitement au synopsis du film. Et heureusement que mon grand âge me permet de mieux contrôler mes nerfs, sinon à chaque fois que Helena Bonham Carter, avec sa chevelure rouge flamme et ses robes imprégnées de la folie chic des seventies apparaissait à l’écran, j’aurais hurlé telle un homosexuel hystérique devant le Chevrolet d’Elizabeth. Les effets spéciaux culminent dans la finale.

 

Et que dire cette Finale. La bataille entre Barnabas et Angélique, qui se révèle être une poupée de porcelaine. Des sauts, (encore) des plafonds démolis, une courte scène incompréhensible à propos des loups garous dont on a l’explication quelques minutes après, des statues qui prennent vie, des personnages de tableaux qui ricanent, des serpents ornant des piliers qui attaquent la maîtresse de maison, un lustre opulent qui se fracasse. Des boiseries qui se fissurent, le sol qui s’ouvre, du sang qui dégouline des portraits et tout le manoir en feu. Une finale très intense, mais on déplore, après coup, la manière assez pas-dramatique-du-tout et très abrupte dont Angelique meurt. 

 

Si vous ne l’avez pas encore vu, posez un RTT, accoutrez vous convenablement et allez y maintenant, tout de suite. Si W.E n’est pas meilleur, Dark Shadows est le film du mois.

 

 



28/06/2012
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