Les Chroniques de Candy

India Forever

Que serait l’Inde - à la télé - sans les clichés qui vont avec ? La pauvreté, les bidonvilles, les gosses sales qui trainent dans les rues, les taudis... Ou encore, les jeunes avec des rêves, les parents trop traditionalistes, les jeunes avec des rêves qui doivent mentir à leurs parents trop traditionalistes... Sans tomber dans le kitch et la superficialité de Bollywood, l’Inde est tout autre chose que ces pitreries avec lesquelles on nous assomme dans Slumdog Millionaire et autres émissions à budgets réduits.

 

L’émission en question -  Bollywood Boulevard : un jeune des bidonvilles qui veut être mannequin ou acteur mais qui n’est qu’instituteur. Comble de malchance pour lui, il enseigne à des gosses de pauvres et gagne une misère. Son père est ferblantier, et sa mère rien. Il a des frères et soeurs en bas âge. Il rencontre un producteur (Camille, prénom ambigu par excellence), qui le filme dans sa famille pendant plus d’un an, et ensuite le présente à des couturiers et des gens de la pub. Et coucher avec, en passant, ce qui est juste suggéré dans l’émission. 

 

C’était d’un crédible. La mise en scène, les dialogues des parents, les répliques du garçon en question, tout était écrit d’avance. Sans parler que si le pauvre n’est pas mannequin, c’est que le mec le plus moche que je connaissais à Bangalore était moins atteint de déficience esthétique que lui. Les matin de gueule de bois, Victor (ma soeur), Abhishek (mon "je-t’aime-moi-non-plus") réunis étions plus présentables que lui après son maquillage. 

 

Commençons par le commencement. Il doit mentir à ses parents pour partir à Bombay car c’est une ville de débauche. Il faut préciser qu’ils habitent à Delhi, qui est LA ville de la décadence par excellence. Mais passons... Je ne prétends pas être une experte en matière d’Inde, mais les parents aussi traditionalistes, je n'en ai pas vu durant mon année folle passée là bas. Les parents de mes copains et amants, qui n’étaient pas tous des bourgeois - loin de là - leur laissaient une liberté incroyable. Avant les sorties, j’allais m’habiller et me maquiller chez eux. Nous sortions en talons devant les pères. Les mères nous aidaient à draper nos sarees. Nous rentrions, souvent assez alcoolisées, parfois la cervelle enrobée de fumée, et allions nous coucher. Dans le même lit, sans que cela ne pose problème. Donc, sauf dans un film de série B de Bollywood, ce genre de discours n’est plus du tout d’actualité.

 

Il va à Bombay et réalise son rêve de starlette en toc : il défile en Shervani noir. Côté originalité, j’ai vu mieux. Rien à voir avec les jeunes créateurs que j’ai connus, sans artifice, sobres mais talentueux. Rony Dutta par exemple...  Il retourne dans son bidonville, et raconte que "pour être à la mode, il faut être mal habillé". Le mec qui a tout compris... 

 

Pourtant, tous les indiens ne veulent pas être acteur ou joueur de cricket pour devenir riche. Il y en a qui ont un travail normal, une vie normale : ces indiens là ne trainent pas l’image de leur pays dans la boue. A quand une émission sur la beauté de l’Inde ? Les beaux garçons, les folles, l’acceptation des homos, la créativité, l’impact de la jeunesse sur la nouvelle société. Qui nous fera une émission sur la vénération des transsexuelles ? Sur les jeunes indiens heureux, qui vivent normalement, qui font la fête sans vouloir singer l’Occident ?




28/06/2012
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