Les Chroniques de Candy

Je n'ai rien à me mettre!

Après un voyage magnifique mais épuisant, quatre heures de train, vingt minutes à tourner en rond à cause d’un plan lu à l’envers, j’arrive finalement devant Les Folies Bergères pour le spectacle de Brachetti avec vingt minutes de retard. J’entre dans la salle,  habillée en souillon, juste au moment où il fait Elizabeth Taylor. C’est un signe. Avec un morceau de feutre, il arrive à recréer vingt cinq personnages, de Napoléon à un cardinal et un toréador. Puis de toute façon, un spectacle où il parle de Elizabeth Taylor ne peut être qu’excellent.

 

Excellent n’est pas assez fort. Après avoir fait vingt cinq personnages avec un morceau de vile moquette, il nous plonge dans l’univers noir d’un musée d’horreur. Tous les grands classiques du genre y passent : Nosferatu, L’Exorciste, Massacre à la Tronçonneuse. Les changements de costumes se font en une demie seconde : Il passe du prêtre qui asperge le public d’eau bénite (je n’ai pas été touché, Dieu merci) à la fille possédée, puis au vampire avec une ombre qui ne l’obéit pas. Le tout teinté d’humour décalé. La musique et les jeux de lumières sont à propos : Les projecteurs qui balayent le public, ou les faisceaux de lumière sur le plafond donnent un côté cinéma qui nous garde dans le ton pour le reste du spectacle.

 

La prochaine séquence s’effectue avec des mimes accompagnés d’une bande musicale : pas de changement de costumes mais une précision presque égale à l'évanouissement de Marylin dans Niagara. Un pêcheur sur un bateau qui attrape un poisson, un cinéaste, un équilibriste ou encore un joueur de golf. Le tout dans la foulée, sans une seconde de pause ni de transition. On se serait cru au Confessions Tour, lorsque Madonna passe le micro à un danseur sans le regarder alors qu’ils sont sur des rollers. La salle est éblouie, et moi hystérique, mais le meilleur était à venir. Il nous passe en revue l’arche de Noé en ombres projetées, utilisant ses mains uniquement. Clin d’oeil au message relayé par les chiens dans les 101 Dalmatiens (une dizaine de race de chiens), des oiseaux, un lapin, un pigeon, un chat et j’en passe. J’ai retrouvé le même émerveillement que lorsque j’avais vu un vrai sac Hermès pour la première fois. Il mérite vraiment le surnom d’Hephaistos des ombres projetées.

 

S’ensuit un vibrant hommage à Lon Chaney. Un des plus grands acteurs du cinéma muet, celui qui n’a tourné qu’un seul film sans masque. Brachetti nous fait revivre ses plus grands moments : le fantôme de l’opéra, puis en moins de temps qu’il me faut pour choisir un sac, il nous revient en magicien chinois, en diable, en clown et autres grands moments de la carrière de Chaney. Ses hommages ne s’arrêtent pas là. Il nous fait revivre les films de Fellini. Il nous raconte comment il a connu Fellini à travers 8 1/2. Il vient en scène en Giulieta Masina dans La Strada. Les seins de Maria Belluzi dans Armacord apparaissent en décor de fond. Un battement de cil après, il fait la parade de Roma à lui tout seul. La finale est le paquebot monumental de Et vogue le Navire. Dommage qu’il n’ait pas fait de clin d’oeil au Satyricon, un des films qui m’a le plus marqué, car la folie du film ajouté à la sienne aurait pu donner un peu plus de fantaisie au spectacle. Mais peut être que cela aurait fait too much?

 

La dernière scène est une tuerie. Une rétrospective d’une cinquantaine de films d’Hollywood en à peine dix minutes. Les affiches des films sont projetées, puis il incarne un personnage marquant dans chaque film. Il commence avec La Ruée vers l’Or, habillé en Chaplin. Et il nous fait les enchainements les plus incongrus et sans aucune logique. A chaque changement de costumes ( à savoir, chaque trente secondes) , on est un peu plus hilare. Il passe de Charlie Chaplin à Maria Von Trapp avec la même aisance qu’il a de passer d’un Moïse maladroit des Dix Commandements à une Blanche Neige assez vulgaire. Un moment, il est Golum, et la seconde d’après, il est un pirate, en costume complexe et dreadlocks qui vont avec. Même la plus aguerrie des folles, en retard pour le concert de Vartan, ne peut se changer aussi vite. Il fait Scarlett O’Hara s’ennuyant dans sa grande robe à baleines; puis il quitte à peine la scène et revient dans la robe-rideau verte qu’elle confectionne avec l’aide de Mamma. Humphrey Bogart qui fume en parlant à Lauren Bacall dans Casablanca. Il se retourne, et là, du profil gauche, il est Lauren Bacall ! Apparemment, c’est un numéro assez classique, c’était la première fois que j’en voyais, et c’était fabuleux. Puis il fait Liza Minelli dans Cabaret, un écran tombe on est devant la fameuse scène à 620 000 dollars qui dure quarante cinq secondes de Psychose. Le sang gicle, la main avec le couteau reste en ombre chinoise, l’écran se lève et nous sommes devant Gene Kelly, parapluie à la main dans Singing in the Rain.  Il nous re crée l’univers de Titanic, sauf qu’à la place de Di Caprio, il incarne Shrek. Il faut dire que la ressemblance est assez frappante. Bananas, Laurence d’Arabie et pleins de grands classiques se matérialisent devant nous. Le public avait les yeux qui brillai

 

A la fin du spectacle, il remercie tout ceux et celles qui lui ont permis de nous faire rêver : la Cigarette de Bogart, la Robe Blanche de Marylin, le Chapeau de Chaplin, La Banane parlante de Bananas, le Navire de Et la nave va, la Musique saccadée de Psychose et tous ces autres accessoires, trade mark de certains acteurs qui ont fait la célébrité de ceux ci. 



28/06/2012
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