Les Chroniques de Candy

"Je ne réponds pas d'avoir du goût, mais j'ai un goût très sûr" - J.R

Aujourd’hui, j’ai envie de m’exprimer sur un sujet qui a suscité pas mal de polémiques dernièrement. Rédacteurs en chefs, des éditrices qui bossent dans des “VRAIS publications” (sic) bloggeurs, fashioniatas et la plèbe ont détruit bien des manucures en tapant furieusement sur leurs claviers pour exprimer leurs opinions. Bon on ne va pas se concentrer sur l’avis de cette dernière catégorie pour des raisons évidentes. 

 

Je vais donc parler des standards, ou les normes. La norme est principalement un terme sociologique, et sa définition selon Haralambos est aussi complexe que la relation Taylor-Burton. Mais je vais essayer de faire simple et citer le Collins de la sociologie. La norme régule les habitudes dans une certaine sphère et dépend des attentes et obligations de ce groupe. Disons que le standard, c’est des règles qui sont acceptées, voire imposées, pour des tas de raisons, d’ordre esthétique, de marketing ou encore héritées du passé . Si on devait personnifier ces normes, elles seraient Tatie Danielle. 

 

Parenthèse pour préciser qu’évidemment, ces règles évoluent au courant des décennies (par exemple, dans les années 50, les mannequins et icônes de ma mode les plus populaires étaient pulpeuses, une skinny était alors traitée comme une gueuse), mais l’évolution est toujours graduelle et doit être lancée par une leadeuse de cet univers. N’importe quelle autre Anne-of-Green-Gables qui essaierait de faire autant serait immédiatement trainée dans la boue et vilipendée devant la maison mère de Hermès. Toujours d’après Collins, une telle attitude serait considérée comme une déviance. Une déviance est une habitude qui n’est condamnée par aucune loi mais n’est pas acceptable en société. Exemple : aucune loi ne condamne le maquillage outrancier, mais cela reste inacceptable. Je ferme la parenthèse.

 

Venons-en aux faits. Faire de la Haute couture -  ou la couture tout court - n’est pas à la portée du premier venu. Faire un magazine pour représenter ce marché l’est encore moins. Et comme dirait Karajan : « seul le meilleur est acceptable »…

 

Le perfectionnisme est de rigueur. Les photos doivent être irréprochables, les textes, la présentation des items… bref, lorsque je dis tout, c’est dans son sens le plus global. Le dicton populaire “L’habit ne fait pas le moine” donne des urticaires dans ce monde. Allez dire cela à Joan Collins elle vous crève les yeux à coups de Jimmy Choo. L’apparence est primordiale et non trompeuse. On ne juge pas la bonté des gens, ni leur générosité et encore moins leur beauté intérieure. C’est pour cela que la couverture, elle doit être au magazine ce que le Paragon est aux diamants. J’ai grandi et a été éduquée avec des valeurs qui malheureusement, ne sont pas partagées par tout le monde. Encore aujourd’hui, Grand mère me dit que les gens feraient mieux de fabriquer du charbon au lieu de faire des enfants mal élevés - en d’autres mots, si l’on pas la capacité ou les moyens de faire un projet correctement, il serait préférable de s’en abstenir. L’à-peu-près n’est point toléré, surtout dans la mode. Ceux qui ont visionnés The September Issue comprendront ce que je veux dire. 

 

L’industrie de la mode et du luxe fait partie de ces domaines où les normes instaurées par les anciennes et les nouvelles sont aussi strictes que le protocole au Buckingham Palace. Bousculer les règles mises en place par Mary Louise Booth et Diana Vreeland est aussi absurde que l’idée de décaler le Tea Time de la Souveraine. Bien sûr, il y aura toujours des anarchistes rebelles qui prendront leur thé avant ou après l’heure définie, mais est ce que cela va changer le protocole Royal ? Non ! Ce serait juste une déviance. Ce qui nous prouve que si certaines personnes veulent changer les règles de publication du magazine de mode traditionnel, peu importe les raisons (Que Carmel Snow leur pardonne), il en résultera que le magazine ne sera pas mode et ils seront sociologiquement des déviants. Des fois, je regrette de ne pas vivre dans la Grèce antique, où il était permis de lapider ceux qui commettaient de tels crimes.

 

Mais comme tout ne peut jamais être totalement rose ou totalement fuchsia, ces standards ont une certaine flexibilité face à l’impossible. N’allons pas plus loin que nos frontières. Il nous est impossible d’avoir des mannequins de taille imposée selon les critères du Big Four, Vogue, Elle ou Harper’s Bazaar. Dans ce cas, Tatie Danielle des Normes nous laisse un peu de mou et on s’adapte donc avec les filles de chez nous, et c’est très bien. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de filles de taille requise par les maisons de couture qu’on doit baisser les bras et ne pas faire de défilé !  On s’adapte aussi aux styles vestimentaires qui sont traditionnels, et c’est encore mieux car notre pays a connu un brassage culturel qui a donné un mélange sublime de tenues orientales et occidentales. Ce genre d’adaptation ne nuit pas aux standards, vu que dans chaque pays, les magazines internationaux s’y plient également.

 

Mais ces normes ne s’adaptent pas à tout non plus, faut pas pousser la Vieille dans les orties ! Je me fais nonne le jour où une publication internationale fait un reportage sur, disons, des produits en conserve. Idée farfelue, me direz-vous. Ce serait encore un exemple de déviance. Tatie Danielle des Standards ne le permettra pas, elle va faire de la publication ce qu’elle à fait à cette pauvre Odile ! La vieille choisit aussi les produits qui seront promus dans une vraie rédaction qui se dit mode. Un magazine ‘Fashion’ doit promouvoir des “choses” (pour citer Andrea Sachs) qui ont trait à la mode : vêtements, maquillage, fragrances, joaillerie, chaussures, sacs… enfin, vous voyez le champ lexical. La corbeille ménagère ne figure pas sur cette liste. Ni de près, ni de loin. Ni directement, ni indirectement. Ni en rêve. Mais en cauchemar, oui, c’est possible. Comparer un magazine de mode à un magazine qui se veut mode mais a des pubs de lait, d’œufs et d'autres ingrédients pour faire des crêpes sucrées ou salées, c’est un peu comme comparer Candy de Prada à Charlie. Vous voyez ce que je veux dire ?

 

Les standards et la norme exigent aussi une présentation et une mise en page sans reproches. La mode est synonyme de beauté, et une mauvaise présentation n’est pas toujours très agréable pour les yeux. Ici, je ne m’attarderai pas trop, je vous laisse juger la différence que fait la présentation par vous même. Ce dessous, deux photos. L’une d’un magazine international avec les Standards internationaux, l’autre une magazine locale avec des normes déviantes. Je ne sais pas pour vous, mais moi cela me fait penser à Lady Diana et Camilla Parker Bowles, ou encore, un magasin de Haute Couture et la foire aux heures de fermeture...

 

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Jugez par vous même laquelle de ces deux photos foule du pied, assassine, découpe en morceaux et jette aux chiens la Vieille des normes et Standard…

 

J’espère avoir été clair cette fois-ci, et serais ravie de répondre à vos questions. Sauf celles de la plèbe, évidemment.

 



04/10/2013
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