Les Chroniques de Candy

L'art d'exister

Que serait le Marais sans ces êtres habillés en jeans slim, les yeux cachés par des lunettes de soleil et portant un sac contenant les essentiels de survie ? (Maquillage,  miroir et peut être gâteaux sans calorie). Un ghetto de beaufs et de bobos ! 

 

Non, je n’ai pas dit que tous les gays sont similaires, loin de là ! Je donne dans la caricature, car les folles ont aussi de l’humour. Mais il est vrai que les folles ont un style, à ne pas confondre avec une mode. Les folles n’ont pas de mode, car la mode se démode, mais le style reste. De plus, la folle est par définition, avant gardiste, donc toujours en avance sur ce qui sera en vogue. En étudiant les collections des couturiers, elle sait ce que sera la prochaine tendance, et elle va s’y mettre avant tout le monde. Le commun des mortels, lui, va en rire, puis, quelques saisons après, il sera habillé de la même manière sans se rendre compte que ce qu’il porte lui est indirectement imposé par l’industrie de la haute couture, comme le résume Miranda dans son discours sur le bleu azuré. Un exemple flagrant est l’imprimé léopard. J’ai commencé à m’y intéresser il y a quatre ans, alors que c’était très difficile d’en trouver. Aujourd’hui, c’est la grande mode. Dans tous les magasins, ils ne jurent plus que par cela.

 

Le comportement ridicule du commun des mortels ne s'arrête pas là, car il va poursuivre ses moqueries concernant les habits des folles. Pourtant, les folles créent une oeuvre à chaque fois qu’elles s’habillent. Alors que la vie de la plupart des gens s’étire comme une trainée de débris (Je ne l’invente pas, ils le disent eux mêmes), la folle sculpte ses journées et les rythme par ses choix de tenues. Ainsi, sa vie ressemble à une somptueuse galerie de sculptures. Imaginez un bar sans gays qui n’ont pas peur de s’assumer, une boîte sans ces garçons libérés, qui peuvent se permettre de s’habiller comme ils veulent sans se demander ce que les gens vont penser. 

 

La folle aime être originale. Le début du style, c’est l’originalité. La folle a horreur l’uniformisation, si prisée des hétérosexuels et des “hors-milieux”. Quel intérêt à se fondre dans la foule ? Il ne s’agit pas d’être criard, mais un peu d’exagération de temps en temps  aide à affronter nos rudes journées. L’exemple de Mme Piaggi est parfait pour illustrer cela. Cette dame qui trône sur le monde de la mode et du décalé, ne sort jamais deux fois en public avec la même tenue : c’est à chaque fois un spectacle en soi. La question du regard des autres, me direz vous ? Est ce qu’ils pensent à moi lorsqu’ils s’habillent ? Donc pourquoi moi devrais-je penser à eux lorsque je m’habille ?

 

Pour bien s’habiller, avoir ne l’argent ne suffit pas. Celle que je considère comme La Voix De La Raison, une des personnes les plus autoritaires et cultivées de mon entourage m’avait écrit que, “s’habiller avec des griffes, c’est facile, mais trouver une merveille à deux euros dans une fripe, c’est avoir du goût”, car ce n’est pas ce que l’on porte qui compte, mais comment on le porte. Catherine Deneuve en peau d’âne est quand même plus classe que Kim Kardashian en robe de cocktail.  

 

Evidemment, dans les fripes, il y a bien des trucs qui ne méritent pas d’exister, mais au milieu de toutes ces ignominies se trouve forcément, pour le prix d’un Coca Zéro dans un bar, une création digne de ce nom. Ou un JPG vintage pour le prix d’un jean baggy de chez G Star. Donc, pour être accroc du shopping, il est inutile d’avoir la bourse de Mme. Trump, il suffit d’avoir l’oeil. De plus, ce que l’on trouve dans les fripes est unique, on peut être sûr d’être la seule à l’avoir sur le dos. Surtout que les bobos vont préférer, plutôt que de s’aventurer dans une fripe, acheter hors de prix des marques de grandes chaînes et des pièces tirées à dix mille exemplaires.



28/06/2012
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