Les Chroniques de Candy

L'Artishow

“Ils ne vont quand même pas nous faire attendre !” déclare la Reine devant les grilles fermées de L’Artishow. 

 

Flanquée de son aura d’élégance, elle détourne le regard vers un petit groupe, dont fait partie un fan de Dalida habillé en strass, attendant devant la même grille. Moi, toujours aussi sobrement vêtue (des slims et un manteau en cuir rouge), je réplique timidement qu’il n’est pas tout à fait 20 heures. Sur ces entrefaites, la grille s’ouvre et un charmant jeune homme portant un T-shirt à l’effigie de Lady GaGa s'avance vers nous (à savoir, La Reine Bambi ; Utah, une légende ; Hervé du Tango, la folie et le charme incarnés, le sex symbol des folles ; et moi). 

 

A l’entrée, Mamyta en Madame de Fontenay nous accueille. Si je n’étais pas fan de cette dernière, j’aurais dit que Mamyta était meilleure que l’originale. Galipette nous débarrasse de nos magnifiques manteaux. Galipette... on y reviendra.

 

Les quatre fantastiques pénètrent dans la salle et s’installent juste devant là où Dalida voulait mourir. La salle commence à se remplir, et je me rends compte que c’est LA soirée people de l’Artishow. Ils ont décidé de présenter un best-of de leurs spectacles précédents. Il y a Yvette Leglaire, pilier du monde interlope,  la Show-woman qui met en pratique l’enseignement de Shakespeare “All the world’s a stage” (Le monde est une scène) ; elle est en spectacle partout où elle se trouve. Sa gouaille et son sourire permanent vont convaincre les plus sceptiques (quoiqu’il n’y en avait guère) à aller la voir au Point Virgule les dimanches soirs. Des journalistes de Sensitif, de Tribu Move, de Pink TV sont de la partie. Au fond de la salle, un fan de Lady Gaga croisé à plusieurs reprises au Tango. Bref, un public avec des personnalités et des moins connus. Ambiance décontractée, tout le monde parle à tout le monde, on se déplace, on rit. Vraiment, un public de tout âge qui se mélange très bien. (Trouvez la même atmosphère chez les hétéros et je me fais moine !)

 

Jean Yves, le maitre d'hôtel, nous présente les membres de l’équipe, les unes plus folles que les autres, et Galipette qui agrémente la présentation de ses commentaires de langue de vipère (pour rester poli). S’ensuit un diner excellent précédé d’un apéritif dont seul le Sex Symbol des Folles connaissait le nom. Pendant le diner, photoshoot des membres de l’équipe avec les stars ; une file énorme devant la scène attendant de se faire prendre en photo avec La Reine. Mamyta vient nous parler du temps où elle était garagiste (je le jure).

 

Le show commence. Ciel, quel show ! La pauvre petite que je suis est gâtée pour son premier spectacle au cabaret. Le rideau se lève sur Mylène et Dalida de dos, de part et d’autre de la troisième, installé sur une structure qui ressemble au Ball de Lady GaGa. S’enchainent les chansons, “Mourir sur Scène”, avec le gestuel, le regard et la robe qui vont avec. Puis “C’est dans l’air” avec l’atmosphère noir pertinent. “Poupée de Cire Poupée de Son” par Framboise, déguisée en petite fille qui va tuer la fourmi par la suite. Elle est burlesque, ne se prend pas au sérieux, comme la plupart des artistes qui passeront après elle. Un vrai délire sur scène ! A l’entracte, dehors, toutes les folles et les pas-trop-folles fumeuses sont en extase. Chacune donne son avis sur le spectacle, et évidemment, comme souvent chez les folles,  personne n’écoute son co-énonciateur (c’est comme ça qu’on dit en linguistique) mais parle en même temps. Une cacophonie d’éloges - feutrée quand même car nous devons faire attention aux voisins - sur cette moitié de show à laquelle nous venons d’assister. Toutes se disent que contrairement aux autres spectacles, la deuxième partie ne pourra pas être mieux car il est difficile d’améliorer la perfection. A la reprise, on va vite se rendre compte que le mieux peut encore devenir meilleur...

 

Galipette interprète “Le Zizi”, réécrit en “La foufoune”. Mieux que Perret, qui l’aurait cru ? Habillée en bonne soeur de RTL 9 à 23h30, cravache à la main. Désopilant. La salle est hilare. Un charisme débordant, elle occupe la scène comme personne, un jeu bien à elle. Pour couronner le tout, ce regard acide, méchant et hautain qui lui va si bien et dont elle joue. Personnellement, un des plus hauts moment du spectacle. L’autre sommet est Mamyta en Brigitte Bardot : la totale, la petite robe rose à pois, le chapeau, le chignon blond. Elle nous livre les classiques, “Coquillages et crustacés”, “Tu veux tu veux pas”, “Harley Davidson” (sur une bicyclette de gym). Après, c’est au tour de Jean Yves, de nous  surprendre, en Aznavour chantant “Emmenez moi”, ou “Djemila” de Guidoni. 

 

Dans pratiquement tous les numéros, deux danseurs excellentissimes, Stéphane et François. (Stéphane est originaire de l’Ile Maurice, donc, en marge de son talent débordant, il doit être gentil et charmant, comme le sont tous les mauriciens). Tantôt vêtus de cuir, tantôt habillés en lapins, ou encore en danseurs Thaïs, ils sont du chocolat pour les yeux.

 

Les derniers numéros sont très asiatiques et drôles. Framboise en imposante maitresse Thaie blasée et Jean Yves en tout petit amant qui se plaint. Par leurs expressions faciales et leurs gestuelles, on pourrait croire qu’ils savent ce qu’ils se racontent, et cette crédibilité  les rend plus comique. Le dernier numéro est un chef d’oeuvre, un spectacle en soi. “Vogue”, avec l’interprète principale habillée en danseuse traditionnelle Thaie voguant, et les deux jeunes, également en costumes asiatiques évoluant sur le Bharat Natyam. Coté créativité et imagination, Madonna s’est (pour une fois) faite surpasser. La musique, les paroles et la chorégraphie se marient très bien. 

 

En sortant, j’en avais pris plein les yeux. La Reine, La Légende et Le Sex Symbol, des habitués du cabaret, étaient dans le même état d'émerveillement que moi...



28/06/2012
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