Les Chroniques de Candy

L'assassinat de la mode à tous les niveaux

Un événement du monde de la mode à Maurice, en la présence des mannequins, photographes, designers et chroniqueurs les plus en vogue du moment, je n’allais certainement pas rater cela. La soirée en soi s’est déroulée sans accroc, donc pas la peine de s’éterniser. Ce qui a retenu mon attention, c’est la distribution d’un magazine de mode dont j’ignorais l’existence. Des exemplaires trainaient sur toutes les tables, et par curiosité, j’en ai pris un. Une fois chez moi, vêtue de mon déshabillée de soie et installée dans mon canapé, j’entrepris de le feuilleter. Je n’ai pas perdu mon temps. Encore aujourd’hui, je suis ravie d’avoir fait cela. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas vu de merde, je commençais à oublier à quoi cela ressemblait. Ce magazine m’a rafraîchi la mémoire.



Déjà, le nom. Luv XXX. Toute personne avec un esprit sain, en entendant ce nom, penserait à une publication pornographique. A ce demander à quoi pensait le comité de direction en choisissant ce nom. Mais bon, “Whats in a name ?” avait dit Juliette sur son balcon, donc ne soyons pas plus diva qu’elle, ne nous éternisons pas sur ce début de problème. Intéressons nous au contenu. Contenu avec tellement de graphisme à chaque page que cela fait mal aux yeux. Ils devraient mettre un ‘Disclaimer’ en première page, à la place de cette pub mal cadrée pour un lecteur, en prévenant les gens que la lecture de ce torchon requiert des lunettes de soleil. Enfin, dans le cas de cette agression visuelle, je conseillerais plutôt un masque de soudeur. Puis lorsque je dis première page, c’est première page côté femme. Car si on retourne le magazine et qu’on le pivote (oui, c’est compliqué. Mieux vaut ne pas avoir de l’arthrite ou un bras emplâtre), le magazine se transforme en magazine homme. Le concept le plus ridicule depuis l’invention des Crocs, je vous l’affirme.



Je vous passe d’autres pubs mal cadrée sur papier glacé (même Vogue utilise du papier chrome mat !) pour arriver à l’éditorial. Des fautes, des fautes de partout. Je ne prétends pas avoir une maitrise parfaite de la langue de Kate Middleton, mais faut pas pousser mémé dans les cactus (on n’a pas d’orties sur l’île). Un élève de SC écrit sans laisser de telles monstruosités ! Le rapport faute/phrase est aussi élevé que mon niveau d’indignation au moment où je vous écris. “We choose to follow them, some chose to copy them and that is in their rights” est un exemple. Autre article, autres fautes …”cater to personalized skin…”  , “...cater a range of…” , "...champaign..." et j’en passe. Grammaire et syntaxe, visiblement, ne font pas partie de l’équipe de rédaction. Le peu de phrases sans de fautes qui sautent aux yeux sont d’un niveau scolaire. Genre CPE. Voire moins. Page 17, un poème intitulé “Inénarrable”. Impubliable le qualifierait plus. On n’y comprend absolument rien. Cela a autant de sens qu’une chanson de Mylène. Ne parlons même pas de la sur utilisation des graphiques ici ! 

 

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Je feuillette péniblement jusqu’à la page 25. Page 24 contient une photo totalement pixélisée. Floue au possible, on aurait dit une image prise d’internet et agrandie. L’article qui accompagne est dans la langue de Barbara. Enfin, à ce niveau, c’est plus du Mikael Youn que Barbara. “Après tant d’années de partage avec ma meilleure amie, naîtra une véritable complicité.” Mais employez un correcteur, bordel de merde!! Et ces fourbes continuent d’assassiner la langue en affirmant “...leurs clients dans un rêve et leurs faire vivre…”, “Chaque vendeur vous amène dans l’univers…”, “Bette Davis porte une Anabelle Fleury…” , “...La Morne…” etc etc etc. (Pour info, Bette Davis est le nom de scène d’un mannequin taille XXL. Je me demande pourquoi la foudre divine ne s’est pas encore abattue sur elle. Peut être qu’elle a mangé la foudre, on ne saura jamais.) Raconter ce que l’on a bouffé pendant un défilé figure aussi dans une des pages. Si ce n’est pas la bassesse de la bassitude, alors je ne m’y connais pas. Deux articles sur un même resto, avec le menu détaillé, font partie du magazine. Généralement, le remplissage se fait subtilement, M. Le rédacteur en chef ! Bref, sans demander un langage châtié, un minimum de niveau est de rigueur pour n’importe quelle publication. L’utilisation parfaite de ce magazine serait dans une école : le donner aux élèves pour leur montrer comment ne pas écrire s’ils veulent réussir dans la vie.



Les mannequins, tout au long du magazine, sont affligés d’un truc blanc avec un truc rouge dedans peint sur leur visage. Un concept totalement ridicule qui ne ressemble à rien. Si c’est pour masquer leur mocheté, les éditeurs n’ont pas compris le concept du mannequinat.

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Et les drapés imprimés qu’elles portent sont tout juste ignoble. Trop d’imprimés tuent l’imprimé. Les seuls mannequins présentables figurent dans les pages sur la Fashion Week de Paris. Sauf qu’encore une fois, tout est pris du net et agrandi au maximum. Des pixels de partout, des couleurs dénaturées. Et souvent, la mise en page fait que des parties anatomiques des filles sont hors page. Les pauvres filles, déjà qu’elles sont anorexiques, on va leur couper des bras et des têtes maintenant. Que fait le syndicat !  La palme d’or revient à cette photo mal étirée, où on voit la fille avec un mollet de plusieurs kilomètres. Proportionellement, elle est plus grande que le batiment!

 

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Plusieurs pubs mal cadrées et imprimées de manière ridicule (image noircie, bijoux presque hors page etc., - voir prochaine photo), j’arrive au milieu du magazine.


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La page du milieu comporte une illustration. On se demande ce que cela fout là. C’est abstrait (pixélisé et flou, cela va de soi). C’est comme un flacon de Charlie sur ma table de nuit : cela n’a rien à faire là, c’est complètement…. Je ne trouve pas le mot. Je ne pus me résoudre à lire les articles sur les spas et les restos, qui semblaient aussi passionnants qu’une messe en latin par un dimanche de gueule de bois.

 

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Comme je n’en pouvais plus de voir la mode féminine maltraitée ainsi, je me tourne vers les hommes. Pas mieux. L’article phare débute “Did anyone ever ask of you, while you were growing up, to be a man?” Je n’ai toujours pas compris le sens de cette introduction. Rien d’intéressant dans l’article à part le fait qu’ils disent que Patsy Stone est “less sensual, less inviting”. Je crois que c’est à ce stade que j’ai sombré dans un coma. Je me réveille, ramasse le magazine pour tomber sur un costume bleu mal taillé, ou un homme en bleu portant un pagne tigré. Mais qu'est ce que c'est? Qu'est ce que cela fout dans un magazine ?

 

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A côté était un t-shirt estampillé Vintage alors qu’il ne l’était pas. Je sais que je suis une battante, mais même moi j’ai mes limites.



Par pitié, cessez cette publication. Même offerte, cela reste cher ! Essentielle est d’un niveau nettement supérieur, donc je me demande combien de temps encore ce torchon anti-mode résistera.



01/03/2013
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