Les Chroniques de Candy

Les (pas trop) bonnes

Je pousse un coup de gueule, même si c’est au risque de passer pour une vieille schnock nostalgique et râleuse. Pourquoi un coup de gueule, si tôt cette année, qui a relativement bien commencé ? C’est parce que les metteurs en scène ne lisent pas assez mon blog. Sinon, ils auraient compris que la mise en scénographie ‘moderne’ est nulle et profondément chiante.

 

Hier soir, perchée sur les dix centimètres de talons, je fis mon entrée au Théâtre de l’Athénée pour voir Les Bonnes, de Jean Genet. Je m’étais préparé à deux heures de bonheur en m’installant dans la loge qui m’était accordée. Quelques instants après, un couple vint s’installer à côté de moi, et la femme, ne quittant pas son portable des yeux, demande à son gros “Nous sommes venus voir quoi, déjà ?”. Je soupire et me dis qu’ils ne me taperont pas trop sur les nerfs, vu qu’ils allaient rapidement s’endormir. Je ne m’étais pas trompée. Sauf que par moments, moi aussi j’ai failli m’endormir.

 

Avant que la pièce ne débute, un mec revêtu que de gants de ménage vient présenter le texte. C’est là que j’ai commencé à avoir peur. Cela sentait le modernisme épuré, tout ce que je hais au théâtre. Le mec à poil s’en va, le rideau se lève. Le décor assez kafkaïen est dévoilé. Une sorte de mezzanine métallique représentant la chambre de Madame et celle des domestiques monté sur un échafaudage. Au rez de chaussée, il y a la cuisine, représentée par un évier, qui à son tour, représente les domestiques. Les deux soeurs sont habillées en noir. Lorsqu’elles jouent  leur jeu terrifiant, elles mettent des perruques. Madame a une robe en mousseline blanche, que les bonnes empruntent. Et le mec à poil du début est aussi sur scène. On ne sait pas pourquoi il est là, il déambule sans but précis, mais il est là. Tout comme les morceaux de papier alu qui tombent de temps en temps du plafond. Cela devait bien signifier quelque chose, mais je n’ai par trop saisi quoi, comme plus de la moitié de la salle.

 

Les trois comédiennes sont excellentes. Une diction parfaite, un jeu pas exagéré, si ce n’est leur voix un peu trop criarde, mais là, j’imagine bien le metteur en scène moderne leur demandant de hurler, comme dans toutes les pièces avec une mise en scène épurée. Lors du monologue de Claire à la fin, on est transporté dans son délire. Elle est totalement crédible, même les ronflements des deux à côté ne m’ont pas empêché de me concentrer. Mais à part les comédiennes, tout le reste était vraiment comme Audrey Hepburn sans Givenchy : il manque quelque chose. Pour moi, le théâtre, c’est avant tout l’ambiance créée par les décors et les costumes. J’imaginais bien une chambre de Madame avec de la dorure, la chambre des deux soeurs noire et désordonnée, la robe de Madame en crinoline. La cuisine un peu plus représentée. Des jeux de lumières de la mort qui tue (le seul metteur en scène que je connais qui savait jouer avec la lumière était le mien) : quand Madame apprend que Monsieur est libre, quand Claire et Solange jouent, lorsqu’elles perdent le contrôle de leur jeu. Il y avait matière à des effets de lumière extraordinaires. Même un simple spot rouge de temps en temps aurait fait l’affaire-euh ! Cette manie de faire du chiant et du basique pour se donner un air faussement intello bobo parisien va-t-elle durer encore longtemps ?

 

Bref, c’est la énième fois que les mises en scènes modernes me déçoivent. Je ne comprends pas ces mecs qui ont la possibilité de faire des décors de folie et des costumes sublimes mais qui se disent ‘finalement non, on va faire moche et simple!’. Révolu le temps où les metteurs en scène me mettaient en combinaison latex pour jouer Dorine donnant la réplique à Orgon en tenue de bourgeois du 17ème devant un public hilare et très réceptif. 



28/06/2012
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