Les Chroniques de Candy

Madonna à L'Olympia, j'y étais et j'ai aimé!

Encore une fois, je me retrouve en compagnie de Marie Clémence pour les mêmes raisons : attendre Madonna. Une semaine auparavant, elle a décidé, juste comme ça, sans l’annoncer au préalable, de se produire dans la salle mythique dont la scène a été foulée par Barbara, Piaf, Marlène, Gréco, Les Beatles, Minelli et j’en passe.  Que des légendes ! Madonna, en concert à l’Olympia,  cela devait être le pas pour passer de Reine de la Pop à Légende Vivante, le moyen pour se racheter vis-à-vis de son public déçu depuis les deux derniers albums, avoir les médias à ses pieds et booster les ventes de son dernier album qui frisent jusqu’à présent à la taille de Joan Rhodes. 

 

Evidemment, cela a semblé inutile à Live Nation de nous prévenir par avance. J’ai toujours en mémoire ce terrible matin du 18 juillet, lorsque je me suis réveillée après une nuit torride et fougueuse. Le ciel était  bleue, les oiseaux chantaient et les gens riaient – je le jure ! - dans les rues de Paris. Câlin matinal, café et allumage d’ordinateur pour voir mes mails, ou plutôt, mes spams. Et là, c’est le drame. Un mail provenant du fan club : « Madonna à l’Olympia le 26 juillet ». Trois ou quatre crises cardiaques après, je ne comprenais toujours pas comment acheter le droit pour avoir accès aux pré-ventes des billets, car Live Nation et la clarté se sont fâchés il y a longtemps, et depuis ils ne se sont plus reparlé. Finalement, après des larmes, des hurlements et moult SMS d’explications avec d’autres amis qui ont du goût (le même que moi), j’obtiens mon code. BANG BANG. Telle un bipolaire, je passe en état d’euphorie extrême, et cela a duré exactement quarante-deux secondes. Car le serveur de l’Olympia était saturé. Des mots agressif et indécents tels que « affluence », « rafraichi plus tard », « revenez dans quelques minutes » etc.,  etc.,  etc.  m’ont nargué sans arrêt. Après avoir cassé deux ongles fraîchement manucurés à actualiser le site du music-hall, je me suis évanouie telle Marylin dans Niagara lorsque j’ai vu « Nous n’avons plus de bla bla bla et machin et bla pour cet événement ».

 

J’étais un être ravagé. Rien n’avait de sens dans ma vie. Je ne vais pas voir Madonna à l’Olympia. Je décide donc d’aller dormir et de me suicider au réveil. Mais il en fut autrement. « Je t’ai obtenu une place. » était le SMS de Marie Clémence sur mon téléphone. Je pose le couteau avec lequel j’allais m’ouvrir les veines et appelle ma sauveuse pour lui promettre d’être son esclave à vie. Une place inestimable ? Certains donneraient leurs fourrures pour cela !

 

« Avance Rapide »  à mercredi après-midi :

 

Je rejoins M.C. et Anne devant l’Olympia. M.C. avait déjà déplié sa tente bleue ciel. Nous commençons donc à installer nos tapis de sol, nos sacs de vêtements et notre sac de bouffe qui aurait pu nourrir tous  les figurants du plateau de « Cléopâtre ». On sympathise avec les gens autour. Un orgasme visuel, tous ces pédés – l’italien à côté de nous, l’allemand en T Shirt jaune, les vigiles, les agents de sécurité. Bref,  des pédés à n’en plus finir, des filles à pédés les accompagnant, et deux filles aussi moche et dénuées d’intelligence que moi j’étais excitée. On parle, on rigole, on bouffe, on se détruit les poumons et le foie, on dit du mal des autres, on attend la sortie de Madonna qui était venue répéter, on se fait interviewer par toutes les télés et tous les radios existants. Pour vous donner une idée de la couverture médiatique :   Il y avait France Inter. FRANCE INTER ! Je ne peux pas m’empêcher de vous dire qu’on a vu Guy O’Seary. Je lui ai parlé, j’ai même fait une photo avec lui. Il m’a touché l’épaule, puis est tombé amoureux de Marie Clémence. Heureusement, l’été s’était finalement montré, et on n’a pas eu froid dans notre tente.  Bon, on était tellement dans un état plus que second aussi, cela a aidé. Anne vient nous bousculer hors de notre sommeil à 7.30 du matin. Interview matinale par RTL radio, puis Starbucks et ses toilettes aussi moches et sales que les deux filles mentionnées ci-dessus. On retourne à notre place dans la file, le soleil se montre. On meurt de chaud, malgré les couvertures de survie utilisées en préau. Impossible de se maquiller, vu combien on suait. Mais bon, M.C. connaissait presque tout le monde dans la file, dont des garçons qui dégoulinent de charme comme nous on suait. En leur compagnie, dans une glacerie tenue par Madame-qui-gueule-sur-tout-le-monde-même-ceux-qui-ne-font-rien, le temps passait nettement plus vite.

 

Vient ensuite l’heure de la récupération des billets. Une organisation comme on en a jamais vu. Tout s’est fait dans le calme et la bonne humeur. Les premiers arrivés étaient les premiers servis, on a eu droit à un bracelet numéroté pour qu’on reste dans l’ordre d’arrivée. On retourne donc dans la file, sous le soleil, bénissant l’inventeur du brumisateur. Chaque psichht était un orgasme. 

 

Ouverture des portes. L’organisation commence à dégénérer, justement à cause de ces deux trainées qui ont visiblement subie une ablation du savoir-vivre.  Mais Anne, M.C. et moi arrivons tant bien que mal à être au premier rang, en fosse.  On allait la voir, là, à deux mètres de nous. Comme je vous vois ; là, en ce moment ! Sous ma fameuse robe La Isla Bonita, j’avais mes vapeurs. J’avais fait une autre jupe, plus courte que l’original portée au Stade de France, car je ne tenais pas à décéder de déshydratation sous quatre mètres et demi de soie sauvage. En face de nous, de l’autre côté de la scène, une autre, handicapée de classe et d’élégance, qui hurlait des mots incompréhensible. Nous décidons de faire abstraction de ces gueux méprisables et nous mettre en état pour le concert. Entre temps, Mondino, Brosnan, Foresti et Lang avaient fait leurs entrées. On attendait tous l’ouverture de l’écran MDNA à L’Olympia.

 

Après vingt minutes de retard, elle fit son entrée sur scène. Sublime, souriante et radieuse. Je vous passe le déroulement du concert, car vous l’avez probablement vu en streaming, ou vous en avez entendu parler. Un concert excellent. Elle était déchainée, elle a chanté en live du début à la fin. Un peu une reprise du Stade diront certains. Pas du tout, selon moi. Déjà, au stade, j’étais en gradins et je ne voyais rien. Là, j’étais à deux mètres d’elle. Comme disait M.C., on pouvait compter ses rides ! Pour en revenir à notre Madonne, elle a fait un discours, pour une fois pas niais, bien tourné, consistant et touchant : elle a rendu hommage aux grandes et aux grands, elle a expliqué à Maouine Le Peyaine ses points de vues sans être méchante ni déplacée. Le groupe basque était là aussi. Elle a chanté « Masterpiece »  avec eux. Si je n’étais pas épilée, mes poils se seraient dressés ! « Vogue » : je me passerai de commentaires. Elle m’a regardé dans les yeux lors du pont « Greta Garbo and Monroe ».  Je me suis sentie comblée en cet instant.  J’étais la Soubirou de l’Olympia. Je planais ! On a aussi eu droit à la désormais célèbre interlude de « Justify my Love », et le clip superbement monté qui va avec. « Beautiful Killer » sur la musique de « Die Another Day » était remarquable aussi.  Puis « Je t’aime moi non plus ». « Tiu vas, tiu vas et tiu viens, entr’mes rweins, et jé té réjouins ». Comment vous dire.  C’est comme si  on se parfumait de quelque chose entre le No. 5 et J’Adore et on regardait un film avec Streep, Audrey, Katharine, Davies, Bardo, Dietrich, et Bogart, Helm et Brando en second rôles sur une télé Bang & Olufsen dans une pièce avec tableau peint par Van Gogh, Monet et Picasso.

 

Puis elle s’en va. Comme ça. Rien du tout. Ni une finale digne de ce nom, ni au revoir, ni un signe de main, ni merde, ni rien. On se fait réveiller par une baffe retentissante après un rêve magnifique. Un show qui aura duré cinquante minutes, montre en main. Des sifflements, des « remboursez », « shame on you » fusaient de partout.

 

Je pouvais comprendre le mécontentement des fans. C’était scandaleux d’avoir fait cela. Pas la durée du show, car tout le monde était au courant qu’elle allait être là pendant une heure. C’est la manière d’être partie sans dire au revoir alors qu’elle s’était montrée vachement proche de son public durant le show. Deux ou trois chansons de plus, un au revoir plat, et cela se serait passé différemment. Elle n’aurait pas eu droit à des bouteilles sur scène. J’en avais mal pour elle. Personne ne pouvait comprendre  une telle sortie. Après une telle sortie, le déluge d’insultes était prévisible. Le mécontentement ceux qui ont payé des billets à 275 euros ou de ceux qui ont passé la nuit à l’attendre est  justifié.

 

 Live Nation, on vous hait ! N’avez-vous pas remarqué comment depuis sa signature avec cette compagnie de spectacle, elle a baissé d’un (petit) cran ? Après le collier de chez Tiffany’s qu’était « Confessions on a Dance Floor », elle nous a sorti une montre « Guess » intitulé « Hard Candy » pour finir avec le « Gianni Molaro » : MDNA. Après le show envoutant qu’était « The Confessions Tour », elle a fait le show fini au pipi qu’est « Sticky and Sweet Tour ». Bon, « MDNA Tour » est excellent. Mais personne ne peut nier – même pas Anna Wintour – que depuis sa signature avec Live Nation (de mes c*******) , elle a changé de style. Elle qui a rarement fait de duo, en faire un avec Madame Glamour (la Minaj) était un faux pas. Le premier de sa carrière, car avant Live Nation, ses duos étaient avec Prince et Britney. Et maintenant, on a droit à du Timbaland et du Minaj ! Avant Live Nation, elle était la Madonna inaccessible, la Superstar froide qui ne se montrait pas en public. Elle gardait son rang. Depuis son contrat avec le groupe organisateur de concert, elle a été mise au même niveau que les Rihannas et autres Beiber. Espérons qu’après les d’hier, elle va se reprendre en main. Au moment où je vous écris ces lignes, j’ai appris qu’elle n’était pas au courant du prix des billets d’hier. Il paraît même qu’elle n’était pas au courant des billets ‘early entry’ du Stade de France, donc c’est vous dire à quel point Live Nation est un producteur  bas de gamme, plus à l’image des « fans idiots » que des personnes qu’il représente.

 

Personnellement, je ne peux pas lui en vouloir. Si j’étais au fond de la salle, je n’aurais peut-être pas dit la même chose. Mais le fait de l’avoir vu de près, d’être rentré totalement dans le show et la qualité de cette performance, je ne regrette pas d’avoir passé la nuit dehors ni le billet, même si objectivement, le prix devrait être le tiers. La traiter de « Salope » était plus qu’exagéré et déplacé. Il n’y a pas beaucoup d’artistes qui auraient remercié les fans hardcore que nous étions d’avoir campé devant, d’avoir subi les regards des bourgeoises aigries et la chaleur, d’avoir chanté du Gainsbourg, d’avoir fait un (petit) show excellentissime, d’avoir choisi une petite salle mythique. Le show était certes court. Mais c’était Madonna à l’Olympia.

 

Donc, j’approuve.



28/07/2012
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