Les Chroniques de Candy

Réjouissons nous, les gens. On vit dans un pays où le taux de criminalité est similaire à celui de Teletubbies Land. A regarder à quoi s’attèle notre force policière, on voit que notre île n’a pas de souci tel que vol, viol, violence conjugale, fraude et j’en passe. Les policiers ont résolu tous ces vices. Et comme ils abhorrent l’oisiveté, ils se sont lancés dans une croisade contre les problèmes secondaires. En tête de liste : les Sex Toys.

Ces jouets sexuels sont interdis dans notre pays, mais en dépit de nos lois, certains malfrats de pharmaciens persistent et contribuent à la débauche de notre société en mettant à la disposition de nos habitants des godemichets, vibromasseurs et tutti quanti. La vente de ces abominations est strictement interdite, tout comme l’est l’alcool au volant (je ne vise pas M. Duval ni M. Balancy). Mais ce n’est pas tout : se faire plaisir en solitaire, après une journée de dur labeur est aussi, pour ceux qui ne le savent pas, un délit.

La loi stipulant que les sex toys sont des “obscene matters” va être poussée un peu plus  loin par les membres de notre parlement qui, comme toute la population le sait, ont un moral et une éthique aussi immaculés que les draps d’une nuit de noces. Bientôt, les légumes tels qu’aubergine, courgette, carotte et concombre; et des fruits tels que la banane seront interdits à la vente. Qui sait, des femmes et homosexuels à l’esprit mal tourné pourront trouver d’autres usages à ces objets de consommation courante, telle que l’introduction dans un orifice qui n’est pas buccal. Ceci mettrait ces sources de vitamines au même niveau que des pénis artificiels et seront, dans ce cas, punissable par la loi. Aussi, vu que les mains peuvent avoir la même fonction qu’un gadget sexuel, elles seront bientôt interdites aussi. Masturbateurs et fist fuckers, gare à vous! Il est temps de vous trouver d’autres activités plus saines. Essayez donc de vous tourner vers les drogues, vous aurez moins de risque de finir derrière les barreaux.

Les possesseurs de ces objets condamnables sont priés d’être discrets dans l’utilisation, de peur que leurs voisins les dénoncent aux flics, à l’instar de ce pauvre pharmacien de Lallmatie. La DSU a eu un “renseignement” sur les activités hautement illicites et l’a mis “hors d’état de nuire”, selon cette journaliste du Défi enfermée dans sa tour d’hystérie et dont la manière de penser a loupé quelques étapes de l’évolution depuis l’âge de pierre. (Elle ne doit pas savoir que le Défi Life, magazine du groupe, fait de la publicité pour ces mêmes objets profanes.) Faites très attention, car en plein milieu d’une séance de satisfaction solitaire, vous pourrez avoir la surprise de voir débarquer chez vous des policiers qui confisqueront votre gode. Je n’ai pas à vous préciser qu’une copulation interrompue est aussi frustrante qu’un Cosmopolitain sans glace par temps de grande chaleur.

Soit dit en passant : Je vous conseille, mes chers lecteurs, le film “Oh my God”, qui relate l’invention des vibromasseurs : à l’origine, c’était un objet médical destiné à guérir l’hystérie. Je connais beaucoup de personnes, de gente féminine aussi bien que masculine, qui en auraient besoin pour se dé-frustrer et dé-aigrir.

Et je vois déjà les critiques et autres anti-gouvernements jamais contents de cette loi : les sex toys aident les individus à s’épanouir sexuellement, à évacuer la pression sexuelle et la frustration et de ce fait, réduit le viol. Non non et non. Comme je l’ai précisé au début, notre pays ne connaît pas ce genre de vices !