Les Chroniques de Candy

Parcours de folles battantes

Shopping

 

Un après midi éprouvant. Ma Marraine (je vous expliquerai plus loin) et moi même, nous nous  étions donné une mission qui devrait être sympa dans le fond, mais en fin de journée, nous étions mortes d’affliction. Nous étions en quête d’un sac. Toutes excitées à l’idée de cet après midi de shopping qui s’annonçait, la difficulté de l’ouvrage ne nous était pas évidente au début. Mais trouver un sac chic, sobre, légèrement teinté de follie pour une folle qui n’en a pas l’air s’était avéré aussi dur que de dessiner une collection printemps-été de Gucci. 

 

Avant toute chose, brève présentation. Ma marraine est mon modèle, un monument sous évalué dans le monde de la mode. Comme je le lui répète souvent, elle est Paris à elle toute seule. Elle a tout vu, tout connu et tout fait, et aujourd’hui, elle gratifie le monde de sa présence et de ses conseils, tout en se morfondant sur la dégradation des tenues vestimentaires du commun des mortels. Ma Marraine, c’est le genre de personne qui, lorsqu’elle rentre dans un magasin, les vendeurs et vendeuses commencent à prier, car elle n’hésite pas à les informer dédaigneusement de leur fautes de présentation de vitrines et comptoirs. Elle connaît toutes les boutiques de Paris, et tous les produits de toutes ces boutiques. Elle est le genre de personne à sortir les meilleurs articles des rayons tout en se faisant les ongles et en disant du mal des autres. Ma Marraine est une Icône.

 

Nous sommes donc, toutes les deux, à la recherche du sac. Premier magasin. Elle demande à une vendeuse le rayon des sacs, ce qu’elle nous indique. En y arrivant, Marraine a failli trépasser. Des sacs abominables, en simili cuir, avec la pub des compagnies aériennes dessus. Même moi, qui suis moins rodée qu’elle en matière de shopping, je commençais à avoir des nausées à la vue de ces cauchemars qu’ils osent nommer sac. On s’avance dans le magasin et on aperçoit un autre sac, qui avait plus l’allure d’un sac que ces morceaux de chiffons qu’on venait de voir. Un sac avec des motifs de bambous dessus, à porter en bandoulière. Mais trop rigide.

 

Deuxième magasin. Un sac noir, en toile, avec des fermetures en laiton. Assez folle, mais pas assez chic. Soudain, le sac presque idéal apparaît devant nous. Un sac marron, en cuir souple. Bien coupé, il tombe bien sur l’épaule. Mais la lanière pas assez longue. On sort du magasin, en gardant le deuxième sac en tête. Le look passe, la lanière, on s’en accommodera bien. On se rendait compte, petit à petit, qu’un sac digne de ce nom était aussi rare que les filles à talons dans la rue. 

 

Troisième magasin, le rayon sac se résumait à deux pochettes. Quatrième magasin, pas de sacs, mais des sacoches pour ordinateur portables, en toile horrible. Cinquième magasin, des sacs de femmes ; enfin, du moins ce que nous a dit la mocheté personnifiée qui faisait office de vendeur. Sixième magasin, avant d’arriver aux sacs, Marraine voit une veste. Une veste marine, jusqu’au genoux, cintrée. Une merveille. Après toutes ces horreurs auxquelles nous avions dû faire face, cette veste nous est apparue comme Vogue au milieu des livres de mathématiques. Elle l’essaye, ça lui va (évidemment, TOUT lui va). Elle va payer, et insulte une créature qui fait de l’aérophagie en passant. Et dans le même magasin, des sacs. Des vrais : en python, d’autres avec des plumes, ou encore des strass. Un sac de voyage noir imprimé de fleurs rouges. Mais non, il fallait un sac sobre.  C’est pour la même raison que nous n’avons pas pris un sac à main en vinyl rose  dans le septième magasin. Dans le huitième, pas de rayons sacs. Normal, c’est une parfumerie et on voulait regarder les nouveaux mascaras. Pas de rayons sacs dans le neuvième non plus car c’est un magasin d’hétéros. 

 

Commençant à désespérer, nous nous demandons combien de temps on mettrait à fabriquer un sac nous même. Nous commençons à l’imaginer dans nos têtes, nos quatre neurones fonctionnant à plein régime. Donc, ce serait un sac noir, avec une lanière, sobre, pas de marque affichée en proéminence. Assez grand, pour qu’il puisse mettre toutes ses choses dedans, mais pas trop grand pour ne pas faire trop folle. Par réflexe, sans grand espoir, nous entrons dans le dixième magasin. Et là... un sac. Un vrai, qui mérite son titre de sac à cent pour cent. Un sac Klein, assez souple, avec une lanière impeccable. Dessus était brodé CK, en noir, très discrètement, visible seulement aux initiés. La fermeture est aimantée, donc, pas clinquante. Ce sac est aux sacs ce que Hermès est au cuir. Remerciant nous mêmes, nous le prenons et nous dirigeons vers une autre boutique pour aller voir des lunettes de soleil, mais c’est une autre histoire...

 



28/06/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 30 autres membres