Les Chroniques de Candy

The Handbag Lady

Longtemps, je me disais qu’il n’y aurait pas une performance égale à celle de Swanson dans Sunset Boulevard. Puis il y a eu Hepburn dans Lion in Winter. Puis Benning dans Being Julia. Puis Streep dans The Devil Wears Prada. Depuis, plus rien jusqu’à ce soir. The Iron Lady est sorti aujourd’hui en France, je n’allais quand même pas rater cela ! Après une dure journée de hindi, de profs cyniques et des amis totalement décalés, j’affronte le froid sibérien et la mousson pour me rendre aux Halles. Des homos à perte de vue dans la file d’attente (et oui, nous adorons Meryl Streep et les femmes de caractère, c’est comme ça.) L’entrée de la salle était semblable à l’ouverture des Galleries Lafayette un jour de soldes. Le peuple se marchait dessus, s’arrachait les cheveux et déchiraient les pulls de leurs semblables pour entrer le premier. 

 

J’ai entendu pleins de critiques à propos ce film. Certains l’encensant complètement, d’autres qui le trainent dans la boue. Moi, je l’ai perçue comme un one woman show extraordinaire. Le film retrace sa vie personnelle et professionnelle  de son adolescence à sa démission, mais de manière assez elliptique. On la voit dans son quotidien avec son mari dans le passé, avec ses ministres et conseillés, on la voit, sénile, parler au fantôme de son mari. Assez plat et sans grand intérêt, vu que l’accent n’est mis sur aucun de ces points. Je n’attendais à un style bien plus incisif, à l’image de La Iron Lady. Mais dans ce film, on remplacerait Margaret Thatcher par Eva Brown ou Micheline, cela ne changerait rien à la trame. Mais laissons tout cela de côté, ne parlons pas des images d’archives de grèves de mineurs et autres guerres de Falkland Islands. Parlons de Meryl Streep, l’actrice détenant le record de nominations aux Oscars.

 

Dans The Devil Wears Prada, elle a affirmé son talent de d’incarner les femmes puissantes et de forte caractère tout en restant humain. Ici, c’est exactement le même rôle dans un autre monde. C’est un peu normal que Phyllida Lloyd, qui l’a déjà dirigée dans Mamma Mia, ait pensé à elle. Elle est crédible à chaque instant. Une fille d’épicier, qui se fait élire comme député, et qui fait une entrée remarquable à Westminster dans un halo de lumière avec son indétachable sac à main, qui au début était un signe de faiblesse mais qui a fini par devenir une arme redoutable - sa féminité et son assurance. Elle grimpe à la tête du Parti Conservateur - après s’être fait un brushing (qui par la suite est devenu son Trademark) -  pour finir le premier Prime Minister féminin de l’occident. Son arrivée  dans le monde des hommes est assez frappante, la réalisatrice a tapé là où il faut : un plan pour les couleurs, où on la en tailleur bleu au milieu de costumes banales et noirs; un plan pour les chaussures et un autre pour les bijoux et hop, le tour est réussi.

 

Elle est naturelle, d’une élégance extrême, autoritaire lorsqu’il le faut. Avec son mari, elle est tour à tour tendre, méchante, cynique. Avec ses ministres, elle est professorale (normal de s'énerver lorsqu’on a un kikoolol comme chef de cabinet) , maternelle ( “I have been fighting all my life. Now, how would you like your tea ?”) et obstinément têtue (“Sink it !”), ce qui lui vaut d’être lâchée par le parti. La scène où elle ne veut plus parler à son défunt mari est une des plus intenses. Dans un accès de folie, elle allume tout ce qui est susceptible de faire du bruit autour d’elle pour ne plus l’entendre. Trois minutes après, elle l’appelle à nouveau car elle ne peut se passer de lui. Sénilité ? Moi j’appelle cela l’amour. Toutes les scènes où elle est chez elle et qu’elle se remémore de ses actes et de sa carrière sont assez réalistes. Meryl Streep arrive à nous faire douter de sa personnalité réelle, tellement elle oscille entre son côté gâteux et une lucidité et une vivacité d’esprit extraordinaire.  Et quelques unes de ses citations deviendront certainement cultes.

 

Lorsqu’elle quitte le 10, Downing Street, elle descend les escaliers sur Casta Diva. Bon choix : la chanson qui a consacrée Callas pour le rôle qui consacre Meryl Streep. 

 

Si elle n’obtient pas l’Oscar, c’est que le jury n’est pas digne d’être Jury. Ah, il y a aussi Glenn Close en lice. Encore un suspense intenable, mes nerfs ne vont pas tenir longtemps, je le sens. Vite, un whisky soda, comme MT. 



28/06/2012
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