Les Chroniques de Candy

Tourisme au Castorama

La curiosité me perdra. 

Dans ma quête d’ouverture aux autres cultures, je décide d’aller visiter des lieux insolites et faire des choses nouvelles.

 

Réveillée à six heures, je m’habille en hétérosexuel de base : t-shirt noir, jean trop grand et veste vert kaki à carreaux ; je prends mon sac «Gucci» et file à Chatelet, pour y prendre le RER D.

Des gens font la gueule, d’autres dorment ou écoutent de la musique pendant que je je me perds dans les pages de D.V. Ma voilà parvenu à Vigneux-sur-Seine.

 

Mais que va faire cette folle dans les contrées lointaines, vous demandez vous ? Et bein, je me suis engagé à y faire des travaux. Oui, oui, des travaux de construction, avec perceuses, marteaux piqueurs, tourne-vis et tuyaux pour plomberie. Des outils que je m’accaparait pour la première fois avec émerveillement. Evidemment, je n’étais pas toute seule. J’étais accompagnée par ma grande copine, Carole, bricoleuse hors pair. 

 

Sans sourciller, Carole se met à démolir sols et murs. En entendant le bruit de la perceuse  s’attaquant aux murs, j’ai tout de suite compris les origines du Dupstep. Skrillex devait être forcément bricoleur avant d’être “D.J”. Après avoir fait des trous dans les murs, Carole m’interpelle pour me dire : 

 

“Vas à Castorama acheter un coude de 80, un autre de 90 degrés !

  • Pardon? “

 

Pour moi, cette phrase n’avait aucun sens. Surtout que j’ai toujours considéré «Castorama» comme un univers hostile où je n’avais pas à y mettre les pieds. 

 

  • Prends pas cet air ahuri, j’ai besoin d’un coude pour l’évacuation…
  • Un coude ? Mais ils font du traffic d’organes dans ce magasin ? demandais-je, perplexe dans mon incompréhension.
  • Non, un coude de plombier, c’est… oh rien ! demande à un vendeur, il saura te le fournir.
  • Oki ! Autre chose ?
  • Du silicone aussi, pendant que tu y es…
  • Ah! chouette ! on se refait les lèvres et la poitrine !!!
  • T’es louft, ou quoi ?… c’est pour boucher le trou... Vas-y...

 

Flanquée de mon sac Gucci, bien sûr, je me rends chez Castomara. Je pénètre, avec méfiance et incrédulité dans ce monde que je croyais noir et dangereux. Mes préjugés auront raison de moi un jour, je le pressens. En fait, ce magasin est un magasin comme un autre. Sauf que les produits habituels sont remplacés par des objets de la vie courante. En y repensant, c’est assez logique qu’on vende ici : baignoires, robinets, ciment, pelles et autres qu’on ne trouve pas dans les magasins habituels. Des énormes pots de peintures, des rouleaux, des pinceaux, des palettes. On peut y trouver absolument tout pour la construction d’une maison. J’aurais aimé que les boutiques de vêtements et d’accessoires soient aussi variés : je n’arrive jamais à trouver un ensemble complet sans courir dans tous les boutiques de Paris.

 

Et que dire du vieux fantasme : bricoleur / ouvrier réapparaissant dans les allées et venues des clients. Tous ces mecs en jean taché de peinture, t-shirts hyper serrés, en sueur, mal rasés, des muscles qui débordent de partout, qui sentent le phéromone à quarante mètres et se répandent dans les rayons en se chargeant de sacs de ciment aussi lourds que ma malle à bijoux, m’ont mis dans un état pas possible à décrire. De vrais mecs sortis tout droit des studios Falcon. Mais l’heure n’était pas aux fantasmes. Fallait que je trouve ce coude à Carole. Me voilà donc face à un vendeur et  lui adresse ma curieuse requête :

“Ah ! oui ! je vois ! mais les coudes, c’est pas ici, faut voir avec mon collègue ! 

  • Mais si, vous avez un coude. Vous en avez même deux qui sont élégants...

 

Mon humour ne l’a pas fait rire, l’homophobe reluquant mes fesses Je vais donc répéter la même chose à l'Apollon responsable du rayon en question. Il en a, des coudes de 80 à 90 degrés. Ce n’est qu’en le prenant en main, les coudes, que je compris que 80 et 90 degré était leur angle de contorsion, et non une température appropriée. Moi qui me demandais comment j’allais transporter des trucs aussi chauds…

 

Après avoir fait plusieurs fois le tour du magasin pour trouver le rayon parapharmacie, je me résigne à demander à un autre Apollon l’emplacement du rayon «silicone». Il me désigne du doigt : le rayon “étanchéité”, tout proche. Je ne comprenais pas la logique d’un tel rapprochement entre silicone et étanchéité, mais je n’ai pas posé de question vu le regard foudroyant du vendeur. Il y avait une bien curieuse logique dans ce nouveau monde. Le tube avantageux de silicone en main (encore un truc nouveau ! Jusqu’à présent, je ne connaissais la silicone que sous sa forme d’implants), je cherche où sont les caisses len passant devant du lubrifiant au silicone. Je me demandais ce que cela pouvait bien faire ici (enfin, vu les sexes sur pattes qui me croisent, j’imagine assez bien) lorsque le générique de Dynastie retentit. C’est mon téléphone qui sonne. A l’autre bout, Carole me dit : 

 

“Tu peux prendre des colliers aussi ?...

  • Des colliers ?... Ils en vendent ici ? J’ai fait le tour du magasin pleins de fois, mais je n’ai pas vu aucuns bij…
  • Demande à un vendeur, des colliers de trente deux, c’est simple !. N’en cherche pas ! Il saura !...

 

Ne sachant pas pourquoi elle ne me faisait pas confiance, je retourne vers un vendeur et lui demande où trouver ces colliers. Des pierres et colifichets finalement dans ce monde réservé aux hommes virils !  Mais il s’avèrent que les ‘colliers’ sont simplement des petits trucs en PVC ou métal qui servent à maintenir la tuyauterie en place. Du vrai n’importe quoi. Pourquoi n’appelle-t-on pas cela “ trucs en PVC ou métal pour tuyau, tout simplement ?

 

Hors du magasin, je me promets de revenir et passer plus de temps aux rayons “textiles” (rideaux) pour regarder les mecs de plus près. Finalement, cette petite escapade dans une autre culture, en terre inconnue,fut assez agréable, et j’appris des choses qui ne semblaient pas me servir dans ma vie. Mais si ! vu que bientôt je vais m’aventurer à entreprendre seul l’accrochage d’un lustre, j’en retiens que pour ce faire, il faudra provoquer une «bataille navale». Ou serait-ce un «poker» ? En cela me revient : il me faudra simplement un «domino» sans se tromper dans son branchement. 



15/07/2012
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