Les Chroniques de Candy

Versailles

Versailles

 

Ah, ce qu’ils avaient l’art de vivre, nos ancêtres. Il n’y a qu’à regarder leurs habits pour en avoir une idée. A-t-on déjà vu le portrait d’une reine mal habillée ? Une reine sans dentelles est comme une folle sans sac, c’est à dire inexistante. C’était une ère de follitude, tout était beau, grandiose et magnifique. On aimait la beauté et on ne s’en cachait pas. On vivait dans la dentelle, la dorure et les plumes d’autruches. L’exemple parfait est le château de Versailles.

 

Vêtue d’un t-shirt à paillettes et strasses, des jeans slim, j’arrive devant le château. La grille d’entrée, les toits et les fenêtres sont couverts de feuilles d’or. Un rêve, le genre de maison dont je rêvais lorsque j’étais petite. Je passe la porte d’entrée, et soudain, je me sens plongée dans le début XVI ème siècle. Je me munis d’un audio-guide et j’entame ma visite. Dans l’intro, la grande Jean Jacques Aillagon, la grande prêtresse des lieux, nous invite à nous engager dans les jardins et les bosquets. “Ha c’est comme aux Tuileries ?” je me demande. Et non, il ne parlait que de visite. Celle ci débute par les galeries des portraits, les uns plus extravagants que les autres. Le bon roi Louis XIV, en costume de velours brodé d’or, une coiffure à la Sheila à ses débuts et maquillé comme Marylin au réveil. Un autre portrait de la gouvernante des enfants royaux, Louise de Prie, Marquise de Toucy qui ressemble étrangement à la gouvernante des clients du Tango, avec son éventail à la main. Ca devait être bien de pouvoir se parer ainsi de dentelles tous les jours. Dans la salle des portraits d’artistes, sous les yeux de Molière, je me fais traiter de pédé par une bande de filles, hétéros de surcroît. Comme toute folle qui se respecte, je me fais un plaisir de les traîner dans la boue, puis je finis la série de portraits en apprenant qu’à l’époque, les petits garçons s’habillaient en robes de velours bordées de fourrure. Après on s’étonne qu’ils veuillent dormir sur des lits surplombés de plumes d’autruches dans des chambres aux murs d’or...

 

Avant d’arriver à la chambre du Roi, je traverse la Galerie des Glaces. Une galerie avec dix sept portes en miroirs qui répondent à dix sept fenêtres qui donnent sur le jardin. C’est la pièce qui résout les problèmes de préparation : cela devait être la pièce où la reine et ses copines s’habillaient et se maquillaient avant d’aller au bal. Avec tous ces miroirs, elles ne risquaient pas de manquer de place. Soudain, devant un de ces miroirs, une apparition. Une fille, mais une qui est bien habillée. Une visiteuse, British très certainement, car elle parle Anglais, porte une robe léopard fluo, des lunettes Tom Ford, les cheveux blonds et roses. Je me sens rassurée: les gens bien accoutrés n’étaient pas que dans les cadres. Une photo après, je pénètre dans la chambre du roi...

 

La chambre du Roi est la chambre rêvée de toute folle. Les murs sont totalement dorés, des portraits d’hommes et de femmes partout, même sur le plafond. En voyant cette chambre, j’ai failli tomber dans les pommes et je décide de refaire la déco de la mienne. On a dû me retenir, car je voulais aller me faire prendre (en photo) sur le lit à baldaquin bordeaux du roi. Mais c’était avant d’avoir vu celle de Marie Antoinette. La tapisserie du lit était similaire à celle du mur. Sur la cheminée, un buste d’elle même, et à côté, un placard énorme. Sa garde robe ? Et non, son coffret à bijoux! Toutes les folles étaient aussi vertes que les motifs du baldaquin. Cela doit être là qu’elle gardait son collier à un million de livres. En sortant de sa chambre, on passe par les appartements du Dauphin Louis XV. Dans son antichambre, un portrait de lui en costume en velours et des bottes assorties à talonnettes rouges. L’avantage d'être fils du roi, c’est qu’on pouvait s’habiller comme on voulait sans que des roturiers vous traitent de pédé, sinon ils se font couper la tête. Malheureusement, la partie que je voulais le plus visiter, Les Appartements de Mesdames, étaient fermés au public. Que cela doit être bien, d'être dans ces pièces, où les dames se retrouvaient et cancanaient, manigançaient, médisaient et complotaient tout en discutant du dernier fond de teint à la mode.

 

Les principaux rois et personnalités du royaume sont immortalisés dans une autre galerie. Plein de folles parmi eux : le duc d’Orléans, Philippe frère de Louis XIV, a.k.a Monsieur. Une folle qui se travestissait, qui organisait des fêtes libertines dans les jardins de Palais Royal (et oui mes chéris, nous n’avons rien inventé). Ou encore le roi Charles VIII, en culotte courte. Peut être le jour où il posait, il faisait aussi chaud que le jour de la visite ? Alors que tous les personnages sont dans des costumes avec des châles, des collants et autres couvre chefs, l’artiste Leclerc lui était nu. Allez savoir pourquoi...

 

Je sors du château pour aller vers le Petit Trianon, le domaine de Marie Antoinette, anciennement les appartements de Madame de Pompadour. Pour y accéder, j’ai du traverser tout le jardin du palais, avec des bassins immenses (qui devaient leur servir de piscine dans le temps) et des labyrinthes de bosquets. La traversée du jardin sous le soleil : toute une aventure. Je rêvais de calèches, ou au moins, de chaises à porteurs. La grille d’entrée du Trianon est aussi grandiose que celle du Palais. On y entre, on visite la chambre de la reine, et on se rend compte qu’elle était plus “queen” que reine. Elle avait fait installer un jeu de miroirs escamotables qui pouvaient masquer les fenêtres. Dans cette chambre, un autre coffret à bijoux, légèrement plus petit. Avant d’aller à son hameau, je fais un détour par le sous sol. “ Ce sont les back rooms ?” Personne n’a pu répondre, mais cela ressemblait étrangement : des couloirs voûtées bas, et une très faible lumière. Il fallait bien que les soldats se défoulent de temps en temps, me dis-je. 

 

Je passe par le temple de l’amour et prends une photo en compagnie des fesses de Cupidon avant d’arriver au hameau. La reine avait décidé de se récréer la campagne chez elle : Un petit village, avec une dizaine de maisons, des jardins pour cultiver des légumes et faire du fromage, et un étang avec des petits canards. Pourquoi aller à la campagne quand la campagne pouvait venir à elle ? 

 

En rentrant, j’ai commencé à dessiner la maison que j’aurai quand je serai grande, et le fameux “Qu’on leur donne de la brioche *et qu’on arrête de me déranger, j’ai ma tenue de ce soir à choisir*” avait pris tout son sens. Cloitrée dans son monde, elle ne pouvait pas imaginer que des pauvres puissent exister. Je vais faire de même, un monde où l’hétérosexualité ne m’atteindra pas...



28/06/2012
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