Les Chroniques de Candy

SIDA

Comment faire pour perdre beaucoup de poids en peu de temps ? Plusieurs solutions à cela. On peut faire le régime que Candy Lafolle avait fait en Inde (le même qu’Emily Charleston avait commencé pour Paris). On peut aussi attraper le VIH. Personnellement, je vous conseillerai la première solution.

La jeune que je suis a beaucoup entendu parler des années Sida, mais je n’y ai jamais été personnellement confrontée jusqu’à la semaine dernière. Je me suis vu tiré par le bras pour aller visiter un ami qui vient d'être hospitalisé à la suite de la découverte tardive de sa  séropositivité. La gravité de la maladie ne m’était connue qu’en théorie. La réalité est nettement plus dure. 

Je l’ai vu, là, étendu sur ce lit dans cette chambre terne et morne. Il avait dépéri et avait le teint livide. Ses yeux étaient creux, avec des cernes qui lui descendaient jusqu’au menton. Lui qui était tout le temps d’une élégance incomparable, là il n’était vêtu que d’une simple chemise de nuit bleue, sans strasses, paillettes ou plumes. C’était à l’image de la chambre. Le nombre de tubes qui lui rentrait ou ressortait du corps était astronomique. Un pour l’oxygène, un autre pour les perfusions, encore un pour le rythme cardiaque. Il pouvait à peine parler, tant le souffle lui manquait. Pour compléter l’ambiance grise de l'hôpital, un écran avec des vagues dessus bippait à chaque fois que son taux d’oxygène descendait. Lui qui avait horreur des cheveux gris, il ne pouvait pas les teindre, encore moins se regarder dans le miroir puisqu’il n’y en avait pas. Il a quand même trouvé le courage pour nous raconter le début de ses symptômes : une semaine chez lui, mourant sur son canapé, sans la force de se lever pour quoi que ce soit. Il a été emmené à l'hôpital, on l’a sauvé de justesse. Il était atteint de pneumocystose, la maladie dont mouraient la plupart de séropositifs à l’apparition du virus, avant les traitements. Un de ses poumons s’était décollé et dégonflé. Encore quelques jours et je n’aurai jamais su ce qu’il avait. Il était fatigué, pas seulement par sa maladie, mais aussi des traitements à n’en plus finir : prises de sang interminables tôt le matin, antibiotiques et autres cachets pendant des semaines. Sans parler du régime draconien sans sel et sans sucre, ces deux éléments à la base du gout étant dosés dans la perfusion. 

La dureté du VIH venait de se matérialiser devant moi. Tout ce qu’on m’avait dit -  les  prises de cachets quotidiens, la fatigue, le regard des autres - se résumaient la nouvelle vie à laquelle il devra faire face maintenant. Comment ne pas rager face à notre impuissance à l’aider ? C’est certain qu’il entendra, et malheureusement pas qu’une fois “Tu le savais pourtant...”. Mais est-ce que les campagnes de prévention traditionnelles sont toujours d’actualité ? Si on est chanceux, on croise une affiche dans la rue (souvent aussi accrocheuse que les pamphlets des Témoins de Jehovah.) On a droit aux slogans “ Il ne faut pas faire l’amour sans préservatif sinon on attrape le virus”. C’est un peu comme le “Fumer tue” sur les paquets de clopes :  une lapalissade. Des campagnes qui ne touchent personne car dépourvues d'intérêt. Tout le monde est au courant de cela, il faut maintenant trouver comment les toucher personnellement. Par exemple, on n’arrête pas de rabâcher que fumer provoque le cancer du poumon que c’en est devenu banal, et cela n'empêche personne de fumer. Par contre, le jour où mon médecin m’a expliqué que fumer accélère l’apparition des rides, j’ai diminué drastiquement ma consommation de cigarettes. Là, c’est pareil. Il faut arrêter les banalités pour montrer aux gens les difficultés quotidiennes auxquelles font face les séropos.

Et pour quand une campagne de sensibilisation pour dire aux gens que les séropositifs ne sont pas des parias ? Même parmi les gays (surtout les hors milieux), la situation des séropositifs est comparable à celle des deux icônes de “The Children’s Hour”. Vivement un vaccin contre la connerie.