Les Chroniques de Candy

Comme Marylin, s’habillant avec 2 gouttes de N° 5 avant de se coucher, on a tous eu envie, un jour, de sortir dans la rue vêtu d’un simple sac Vuitton, un vrai. Le cuir marron, le monogramme LV, le damier, synonyme du grand luxe et du savoir vivre. Mais après avoir visité l’exposition Vuitton au musée Carnavalet, n’importe quel être humain qui se respecte refusera de voyager sans son authentique malle. 

Dès que l’on pénètre dans la salle, on a l’impression que le décor a été fait par Miranda Priestley. Une arche en forme de trèfle Vuitton, recouverte du fameux damier en noir et blanc. A l’entrée, un texte exhaustif sur la vie de Louis Vuitton et ses débuts, suivi de comment l’entreprise se développa avec son fils Georges, son petit fils Gaston Louis Vuitton. Ces maîtres de la maroquinerie n’ont jamais cessé d’innover pour s’adapter aux temps modernes. La première malle exposée est un coffre de voyage, avec la toile du début, à rayures. Rien qu’en la voyant, je savais qu’à la fin de l’expo, je serai une épave rampante devant cette collection.

On apprend que la maison fait tout pour être fashion : elle s’adapte aux nouveaux moyens de transports. Pas question d’entasser les robes de soie et les dentelles dans une malle ordinaire, comme le ferait une femme de cheveux ! Ils inventent donc pour les voyages en bateau, une malle-penderie avec tiroirs. Les fins tissus sont bien gardés, ainsi que les chaussures, chapeaux et autres fonds de teints. L'avènement des avions vit la création d’une malle à compartiments pour homme, qui, remplie, ne pèse que vingt six kilos. On pourrait même les utiliser maintenant et n’avoir que trois kilos d'excédents. Pour les indécises, il y a la malle spéciale chaussures, pour pouvoir voyager avec tous ses talons, biens rangés. Mais le génie de ces surhommes ne s’arrête pas là. Avec les beaux vêtements rangés dans les malles, on ne peut pas sortir sans maquillage ! Des trousses de toilettes complètes, avec flacons pour parfums, des peignes, brosses, limes, miroirs, et chausse pied en ivoire. Une autre telle boîte est garnie de cent quatre accessoires an argent signés Tiffany. Mes sels m’ont été utile pour ne pas défaillir. 

Mais la maison Vuitton ne fait pas que des malles et valises. Pour les dames de bonne famille qui vont faire un pic-nic, il n’est pas question d’y aller avec des paniers en osier comme des paysannes. Je les vois bien, munies de leur boîte à picnic Vuitton, dans laquelle les assiettes, couverts, verres Baccarat, serviettes et bouteilles sont soigneusement rangés. Pour le thé, une autre boîte, avec théière, tasses, soucoupes et sucrier. Le chic à son paroxysme. En me retournant, je fus surprise de voir une boîte à outils. Une boîte à outils pour plombière chic, évidemment ! On peut être plombier et avoir du goût ! Elle contient clés à molette, tournevis, marteau et autres outils de bricolage. 

La salle des objets sur commande n’est pas moins surprenante et intéressante. On y voit une malle qui se transforme en bureau, commandée par Stravinsky. Ou encore, le placard à chaussures d’Yvonne Printemps, qui peut contenir jusqu’à trente six paires de talons. Trônant sur ces oeuvres d’art se trouve un portrait de Jeanne Lanvin. 

L’évolution de la maison prend un nouveau tournant sous Marc Jacobs. Une de ses premières créations fût un sac complètement argenté, avec le sigle LV, les losanges et les fleurs caractéristiques de la maison. Un tel sac si voyant est un tantinet vulgaire à mon goût. C’est sous sa direction que les sacs à mains en cuir marron se banalisent. Mettre un objet de luxe à la portée de la classe moyenne est certes une démarche intéressante, mais les rendre vulgaires pour autant, c’est moyen. L’expo se termine par la collection Damien Hirst. Des commodes-malles noires pour chirurgiens ornées de papillons et têtes de morts. Personnellement, les précédentes malles classiques avaient plus de charme, mais bon...